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[Critique] DC Comics renait avec Superman (Enfin)

[Critique] DC Comics renait avec Superman (Enfin)
  • Superman 2025 marque le grand retour du héros DC sous la direction de James Gunn. Avec une approche lumineuse, humaniste et visuellement audacieuse, ce reboot initie la nouvelle ère du DCU.
  • Malgré quelques maladresses de rythme et un excès de personnages secondaires, le film se distingue par sa sincérité, son optimisme et sa volonté de réconcilier le public avec l’essence même du super-héros.
  • Une œuvre imparfaite mais essentielle dans un genre à bout de souffle.

Plus de dix ans après Man of Steel et le naufrage du DCEU, Warner Bros. confie à James Gunn, l’ex-enfant terrible de Marvel, les clés du renouveau. Son objectif ? Réconcilier les fans avec Superman, ce héros trop longtemps trahi par un cinéma cynique ou surchargé d’effets sans âme.

Mettant en scène David Corenswet dans le rôle-titre, accompagné de Rachel Brosnahan (Lois Lane) et Nicholas Hoult (Lex Luthor), ce nouveau chapitre cinématographique prétend incarner l’espoir… au moment même où le genre semble à bout de souffle. Une ambition immense. Une exécution imparfaite. Une œuvre sincère.

James Gunn, l’hérétique devenu architecte du mythe

Le choix de James Gunn comme maître d’œuvre de ce Superman pouvait paraître improbable. Réputé pour ses antihéros déjantés (The Suicide Squad, Les Gardiens de la Galaxie), le cinéaste semblait à mille lieues de l’idéalisme pur du Kryptonien. Pourtant, Gunn réussit le pari de concilier son univers irrévérencieux avec la figure la plus iconique de la pop culture.

Son approche ne passe pas par la réinvention radicale mais par la réappropriation sincère : pas de déconstruction cynique, ni d’origin story rebattue. À la place, une immersion immédiate dans une mythologie vivante, bigarrée, où le héros rayonne non pas par sa force brute, mais par sa droiture morale, son empathie et sa lumière.

Un Superman lumineux, mais vulnérable

[Critique] DC Comics renait avec Superman (Enfin)

David Corenswet livre une performance étonnamment nuancée. Loin du demi-dieu froid d’Henry Cavill sous Zack Snyder, ce Superman 2025 est émotionnellement accessible, humainement faillible, mais jamais brisé. Il doute, chute, s’interroge… mais se relève toujours.

Ce repositionnement du personnage, plus proche d’un héros accessible que d’un parangon divin, marque un tournant stratégique : en pleine ère du doute, Gunn oppose un Superman qui croit encore à la bonté du monde, malgré ses blessures. Un contre-pied salutaire face aux anti-héros dominants.

Un univers riche… trop riche

[Critique] DC Comics renait avec Superman (Enfin)

Le film regorge de clins d’œil, personnages secondaires (Hawkgirl, Green Lantern, Krypto…), monstres, caméos, sous-intrigues… Un véritable terrain de jeu pour les fans de comics. Ce choix, bien que généreux, nuit parfois à la cohérence narrative.

Certains personnages, bien introduits, disparaissent sans développement. D’autres semblent n’exister que pour le clin d’œil. Ce trop-plein de références, bien que réjouissant pour les connaisseurs, affaiblit l’émotion et la lisibilité du récit. Gunn ne dirige plus une équipe comme dans The Suicide Squad, mais un solo centré sur Superman. Et cela se ressent : le cœur bat, mais il est parfois parasité.

Une mise en scène colorée, un message limpide

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Visuellement, Superman est une déferlante de lumière. La photographie éclatante, les grands angles expressifs et une direction artistique assumée construisent une véritable utopie visuelle, loin des filtres sombres d’autrefois.

Mais derrière le vernis pop, le film délivre un message politique clair : le monde a besoin d’un symbole positif, d’une figure qui, sans cynisme, réaffirme des valeurs fondamentales. Loin de se moquer de Superman, Gunn l’embrasse dans tout ce qu’il a de plus naïf et idéaliste. Le résultat est un récit rétro-futuriste, où le kitsch devient beauté, et la sincérité, subversion.

L’humour, cette lame à double tranchant

L’humour est omniprésent. Parfois bien senti (notamment dans les scènes de groupe ou le détournement de tropes super-héroïques), parfois forcé, il oscille entre le burlesque maîtrisé et le gag de trop. Certains running gags tombent à plat. D’autres, comme l’arrière-plan chaotique de scènes sérieuses, flirtent avec le génie.

Mais contrairement à Marvel, Gunn ne cherche pas à désamorcer l’émotion : il joue avec les codes, sans les trahir. Ce délicat équilibre entre ironie et respect du matériau d’origine témoigne d’une vraie maîtrise narrative.

Un film imparfait… mais indispensable

[Critique] DC Comics renait avec Superman (Enfin)

Superman n’est pas un chef-d’œuvre absolu. Certains effets spéciaux accusent le coup. Le montage souffre d’une densité excessive. Le rythme vacille. Mais ces défauts sont ceux d’une œuvre ambitieuse, audacieuse, nécessaire.

À l’heure où Marvel s’étiole dans une logique industrielle, Gunn propose une vision d’auteur populaire, au croisement de la passion et du calcul. Ce Superman est une déclaration d’amour à la culture geek, un manifeste pour un cinéma de super-héros à hauteur d’homme.

Ce Superman 2025 n’est pas la conclusion d’une épopée : il en est le prologue. Un chapitre fondateur, peut-être brouillon, mais habité par une vision et une foi rare dans le genre. James Gunn n’a pas livré le film parfait, mais il a restauré l’essentiel : l’envie d’y croire encore.

Et s’il fallait résumer ce long-métrage en une seule scène, ce serait celle où, derrière le tumulte héroïque, Superman sauve un civil anonyme et lui adresse un sourire. Parce que l’héroïsme, le vrai, commence toujours par un geste simple.

AUTEUR

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